BARA de Madagascar

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samedi 18 novembre 2017

Besoin d'information

 Teny Bara - Langue






   La culture Bara est basée sur la transmission orale. Ce n'est que beaucoup plus tard, à l'époque coloniale française que quelques ethnologues (dont Jacques Faublée) ont couché sur papier les informations sur les Bara et ayant ainsi permis de tracer plusieurs monographies. Il en est ainsi du manuscrit sur les Bara laissé par le docteur Antoine Marie Ramarlah.

  Aujourd'hui, la nouvelle génération de Bara a accès à l'information via les média modernes et elle est utilise aussi les réseaux sociaux telles que facebook.




Cependant, la plupart des Bara n'a pas assez de recul pour vérifier les sources de ces informations et tombe dans le piège de la désinformation si fréquente sur ces réseaux sociaux et même dans les journaux qui ne respectent pas trop la déontologie.

En ces périodes d'inquiétude sur l'épidémie de peste à Madagascar voici un exemple type révélant les limites du scoop et la qualité de l'information :



(source)

Bravo à L'Express pour cette information : ça c'est du journalisme !


"Décédé en octobre à Toamasina, Philippe Rahon a été présenté à tort comme étant la première victime française de la peste dans la Grande île. Sa compagne raconte.

   Elle sait que cela ne le ramènera pas. Mais elle voudrait que la vérité fasse le tour du monde avec le même retentissement que l’annonce de sa mort. «Par respect pour sa mémoire», dit-elle. Pascale est la veuve de Philippe. Il avait 40 ans. Il est décédé le 21 octobre dernier à l’hôpital de Toamasina.

   L’histoire débute quelques jours plus tôt à La Réunion. «J’ai loupé mon avion qui devait me ramener directement à Toamasina, j’ai donc pris un vol pour Sainte-Marie. C’est sur le bateau, lors de la traversée, que j’ai commencé à avoir très mal à la gorge», se souvient Pascale, «j’ai retrouvé Philippe, qui lui, allait très bien. Je suis restée trois jours au lit. Un médecin a diagnostiqué la dengue pour moi». Le lendemain, c’est son conjoint qui tombe malade. Mais l’état de santé de Philippe, qui souffre régulièrement d’emphysème et d’insuffisance respiratoire, se dégrade. Il tousse. Il respire mal et se plaint d’avoir les bronches très encombrées. «Nous avons décidé, cette fois, de voir un autre médecin qui nous a orientés vers le centre anti-peste. C’était le meilleur moyen d’ avoir rapidement un pneumologue. Mais là, ils n’ont pas voulu faire à Philippe un test anti-peste. Ils ont insisté pour le mettre directement en quarantaine. Il  ne présentait aucun symptôme ! Il ne crachait pas de sang. Il voulait bien suivre un traitement mais il voulait un test d’abord ! Ils n’ont rien voulu entendre. Nous sommes partis».

   Le vendredi soir, Philippe se réveille brutalement, il se sent très mal. Au centre médical, il est placé sous assistance respiratoire puis transféré à l’hôpital Be. Il perd connaissance, son coeur lâche. Les tentatives sommaires de réanimation restent vaines. Il meurt à 3 heures du matin».

   Avec un brancardier et l’aide d’amis qui m’avaient rejoint, j’ai dû transporter son corps moi-même à la morgue. Là, on lui a fait un test. Seulement une des trois bandelettes utilisées était positive à la peste !

   Au petit matin, la nouvelle se répand très vite à Toamasina. Un ressortissant français est mort de la peste pulmonaire. D’abord relayée par les médias malgaches, l’information va faire très vite le tour du monde.

   Depuis, Pascale n’a pas cessé de se battre. D’abord pour que le corps de son mari ne soit pas enterré dans une fosse commune, le sort réservé dans la Grande île aux victimes de la peste. «C’est une bêtise de plus qui a été dite à son sujet. Non, il n’est pas dans une fosse. Nous lui avons trouvé une place dans un cimetière de Tamatave. Et il a une très belle tombe où nous pouvons dignement lui rendre hommage», témoigne-t-elle, soulagée que sa version des faits soit enfin reconnue. Car elle s’appuie désormais sur une preuve formelle. Nous avons pu consulter le rapport d’analyses de l’Institut Pasteur de Madagascar en date du 7 novembre.

 Tous les tests réalisés à la suite d’une ponction d’organe du défunt sont négatifs. «Pour moi, pour sa famille, c’est important que la vérité soit rétablie», note Pascale, «s’il avait été correctement soigné, si les équipes médicales nous avaient écoutés au lieu de s’entêter dans l’idée qu’il avait la peste, Philippe serait toujours en vie. Il n’est pas mort de la peste. Mais il est mort à cause de la peste».
Pascale avait raison depuis le début. Mais son deuil est miné par les interrogations. «Certains médias n’ont pas fait correctement leur travail. Ils étaient surtout intéressés par le buzz. Ils ont relayé une fausse information sans jamais prendre la peine de vérifier. Et puis, la manière dont certains politiques se sont emparés de la mort de Philippe est détestable. Mais j’ai compris ce que çà cachait. La mort d’un étranger, pour eux, c’était une opportunité. C’était même le scénario parfait, à ce moment-là. Il fallait absolument qu’ils essaient d’en tirer profit. C’était un excellent moyen de récolter plus d’argent, de tirer un maximum d’aides internationales».

   Vers la fin de l’épidémie

  Philippe Rahon, originaire de l’Ain, était installé à Madagascar depuis de longues années. Pascale l’avait rejoint il y a cinq ans. Ensemble, ils avaient monté «Gasy Rug», une prometteuse entreprise de tapis artisanaux en sisal. Elle n’envisage pas de partir. Même s’il n’est plus là. «Ma vie est ici, désormais», dit-elle, «je dois continuer. Je dois me battre. Pour lui.»

  Le dernier communiqué des autorités sanitaires malgaches date du 13 no­vembre. Il faisait état d’une fin «progressive» de l’épidémie de peste. Vingt-huit personnes à travers tout le pays étaient encore en cours de traitement en début de semaine et trois nouveaux malades avaient été admis dans un hôpital.

 Dans certains centres de soins, on commence à démonter les tentes qui accueillaient encore des victimes la semaine dernière. Pour autant, le ministère de la Santé publique assure ne «pas baisser la garde». La lutte contre l’épidémie se poursuit, «en dépit de la baisse considérable des cas notifiés».

  «Les activités se consacrent, actuellement, à la sensibilisation et à la recherche active des cas ainsi qu’au suivi de toute personne qui a été en contact avec des pestiférés», a ainsi expliqué le Dr Joséa Ratsi­rarson, secrétaire général du ministère de la Santé publique.

  L’épidémie de peste qui a frappé Madagascar aurait fait 135 morts. Elle s’était déclarée fin août. La bactérie de la peste, qui se développe chez les rats, est véhiculée par les puces. Chez l’homme, la forme pulmonaire de la maladie transmissible par la toux - peut être fatale en seulement 24 à 72 heures".

© JIR
Photo du mois







    (ancien compte facebook de Bara Ihorombe Madagascar)

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Mise à jour ce 25.12.2017 :
(source)
"Dans les extraits de l’étude d’Achilson Randrianjafizanaka  sur les vols de bœufs (revue universitaire « Terre malgache, Tany malagasy », décembre 1972-janvier 1973), un personnage d’envergure apparait : l’ombiasa, « un peu du genre sorcier indien des romans d’aventure de cow-boy ».

Longtemps, il s’octroie une place d’honneur dans la vie du village, avec l’image symbolique du mohara, corne-amulette. L’introduction du christianisme l’oblige à rester à l’écart, car « être chrétien commençait aussi à devenir synonyme de civilisé ». D’autant que la généralisation des postes médicaux lui enlève une grande partie de sa clientèle.

Cependant, il faut reconnaitre qu’outre ses prétentions de connaitre l’avenir par le « sikidy », écrit l’auteur de l’étude, il possède des qualités réelles de bon observateur et  de philosophie : « connaissance de plantes médicales, connaissances astronomiques, historien du groupe ».

Consulté et sollicité pour différents problèmes de la vie sociale ou privée de chacun, il est au courant de tout, c’est l’homme le mieux informé de la région, même des drames internes aux ménages et des coups qui se préparent. En principe, il  ne fait pas de mal, « sauf peut-être aux ennemis de ses amis, ceux qui savent offrir de larges pourboires ».

L’ « ombiasa »  a également un rôle sociopolitique. Achilson Randrianjafizanaka ne s’étend pas sur celui-ci, mais sur son rôle dans le phénomène vol de bœufs, objet de son étude. « Homme pratique, estimant la richesse à sa juste valeur, sans scrupule, sachant escroquer quand il le faut, il est de ceux pour qui l’argent n’a pas d’odeur. Pas d’odeur, qu’il vienne de l’honnête éleveur qui demande un talisman pour protéger son parc à bœufs, de la malheureuse épouse qui désespère de ne pas avoir d’enfants, ou du prévoyant voleur de bœufs qui veut s’assurer le concours du sikidy. »

Au courant des coups des dahalo, si le hasard veut que le propriétaire visé passe après le bandit pour un talisman de protection, alors la fortune de l’ ombiasa est assurée. Mais il ne révèlera pas les desseins du voleur, car ce serait trop facile. Il dira plutôt :
« Les dieux m’ont dit par les sikidy que quelqu’un veut profiter de la nuit pour tenter de sortir les bœufs : alors tel jour, à telle heure, faudrait pas dormir… » Et comme l’ « ombiasa » promet le silence à tous ses clients, personne ne pensera à lui en cas d’échec. L’essentiel est de ne pas se faire prendre.

Entre l’ombiasa et les vols de bœufs, la relation est « évidente » quand des voleurs ou dahalo « surpris ou rattrapés par les gendarmes, osent défier les balles, convaincus que leurs cris Rano ! Rano ! (Eau ! Eau !) feront changer celles-ci en eau ».

En effet,  explique l’auteur de l’étude, il ne suffit pas de courir après les voleurs, car il arrive parfois que, dans les principales prisons de Toliara, Taolagnaro ou Morondava, plus de la moitié des détenus sont des voleurs de bœufs. Et de se demander si c’est la solution.

Lorsque  les jeunes « débutants»  se font effectivement prendre, les « retraités » inculquent  aux tout-petits la philosophie du vol :
« Tu seras un vaillant guerrier, mon enfant ; tu voleras et ne seras pas pris, etc. » Et même en prison, les anciens sont volontaires pour compléter la formation des inexpérimentés. Des liens de fraternité de sang se forment sous  la présidence de l’éventuel ombiasa détenu. « La relève était assurée et, d’ ailleurs, on ne pouvait éternellement enfermer quelqu’un pour vol de bœufs ! »

Conscient de cet échec, le législateur en fera une affaire criminelle et « alors, la prison à perpétuité et l’éloignement à Nosy Lava se multiplieront». Car si le Fokonolona est forcé de participer à chaque Opération vol de bœufs initié par la gendarmerie, le système de complicité et de parenté forment aussitôt un mur. L’auteur écrit pourtant que cette participation populaire est la condition sine qua non de la réussite des opérations. « Mais la participation doit être comprise, motivée, volontaire et non forcée.»".

© Pela Ravalitera



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